L’exil forcé des enfants de la Réunion a inspiré des enquêtes, des documentaires, des ouvrages de sociologie, de poignantes autobiographies, des scénarios, des performances artistiques…Le livre de 90 pages que viennent de publier les éditions Oskar n’apporte pas d’élément nouveau. C’est une œuvre de fiction dont la particularité est d’être plutôt destinée aux adolescents.
Un auteur qui aime les « faits de société »
Publié dans la collection « Histoire et société », Enfants de l’Exil, de l’île de La Réunion à la Creuse assume sa vocation documentaire et pédagogique. L’auteur, Ahmed Kalouaz, a d’ailleurs publié plusieurs ouvrages abordant et rendant abordables aux jeunes lecteurs des « faits de société ». L’un des plus connus est Je préfère qu’ils me croient mort qui traite du trafic des jeunes footballeurs africains. Ahmed Kalouaz a aussi « raconté » de manière claire l’affaire du 17 octobre 1961 ou le « village des Justes », Dieulefit, dans la Drôme. Auteur d’une trentaine d’ouvrages cet auteur écrit aussi pour le théâtre et des fictions en littérature générale. Les Creusois ont pu le rencontrer il y a quelques années lors du salon du livre de Guéret. Il connaît donc les paysages creusois, même s’il « travaille beaucoup avec un fonds documentaire ». Ahmed Kalouaz porte un regard empathique et se place à une juste distance pour évoquer l’histoire de ceux qu’on appelle les « Enfants de la Creuse ».
Un récit clair qui ne cache rien des souffrances endurées
Son héros, Louis -Cornélien, est un jardinier d’origine réunionnaise. Une jeune Creusoise, qui s’est prise d’amitié pour lui, parvient à lui délier la langue.Celle d’Ahmed Kalouaz est toujours claire, juste, précise : « Il ne faut jamais brader la langue », justifie l’écrivain. Le récit ne s’égare pas dans le pathos ou le sensationnalisme mais ne cache rien des souffrances endurées et des blessures de cette « génération brisée » d’enfants réunionnais arrachés à leur île dans les années 1960 et 1970.
Julien Rapegno
Enfants de l’exil de l'île de La Réunion à la Creuse. par Ahmed Kalouaz, Oskar étiteur. 10 euros.